#skininthegame
Ce concept vient de loin. Les prémisses viennent de l’outil RPBDC de Vincent Lehnardt qui en coaching permet de respecter la responsabilité du client en distinguant ce dont il a Besoin (le B) de ce qu’il Demande (le D). Et Vincent de nous apprendre péniblement à rester sur le D (ce n’est pas simple quand on pense comprendre le B, car bien intentionné comme nous sommes, comme c’est de cela dont il a besoin, c’est cela qu’il faut lui proposer !). Au fil du temps j’ai appris à proposer un C (contrat) qui répond à D mais en intégrant B. C’était malin, mais parfois je trichais un peu.
Cette idée a trouvé sa définition juste, avec le dernier livre de Nassim Taleb. Pour Nassim le #skininthegame est avant tout une sélection naturelle, si je suis #skininthegame je vais apprendre à mes dépens et l’évolution va éliminer les mauvais. « people don’t get the point it’s a filter not deterrent ». Même si il professe le contraire, je le soupçonne de savoir que c’est aussi dissuasif, que cela change nos comportements. Ce qui me fait dire cela, c’est que pour lui tout l’apprentissage est basé sur le fait de payer les conséquences de ses décisions. Et je le suis sur ce point. C’est bien mon instinct qui apprend alors. Lui en tire des conséquences sur la régulation bancaire car pour lui une grande partie de la crise de 2008 vient de ce que les banquiers qui prennent les risques ne sont pas #skininthegame car ils ne payent pas les conséquences de leurs actes (ils ne rendent pas leurs bonus lors des faillites).
Personnellement je vais plus loin car je postule qu’il y a un génie de celui qui est responsable, qui est #skininthegame. Je l’ai expérimenté de nombreuses fois, avec des dirigeants qui prenaient des décisions contre mes recommandations et qui avaient bien raison pour des raisons….qu’ils n’arrivaient pas à expliquer. Je l’ai aussi expérimenté sur nos projets en équipe La Boétie Partners où celui qui est leader responsable et au contact du client, est #skininthegame et a une sorte de grâce pour « sentir » jusqu’où nous pouvons aller, ce qu’il s’agit de faire, quels sont les besoins. Comme chez nous ce rôle est tournant, j’ai pu expérimenter que c’était bien le rôle qui donnait ce génie, et pas uniquement les qualités intrinsèques de la personne.
Ma théorie c’est que le centre instinctif (voir les 3 centres), le centre de l’action est connecté directement à l’inconscient (sur ce point je ne suis pas sûr que Frédéric Haumonté soit d’accord). Ce centre est activé par le #skininthegame et donc la personne dans cette situation ne voit pas la situation de la même façon, elle sent des choses que le pur mental, quand je suis à l’extérieur ne peut sentir. Je ne sais pas si cette théorie est juste mais ce que je sais c’est que l’heuristique fonctionne : ne jamais se battre contre celui qui a #skininthegame, se mettre à son service. C’est cela qui marche.
Cette idée, qui n’était qu’une vague intuition au départ, est à l’origine de la création de La Boétie Partners : créer une équipe de consultants #skininthegame, c’est-à-dire indépendants, qui payent les conséquences de leurs actes. Quand on y réfléchit cela peut paraître contre-intuitif : pour qu’un consultant accompagne bien la pente d’un client, qu’il le laisse libre, il faut qu’il ait sa peau en jeu, qu’il paye les conséquences de ses actes. On pourrait penser l’inverse : salarié et protégé, il serait moins exposé, plus libre de laisser le client avancer à son rythme. Je constate tous les jours l’inverse. Et cela suffit à me convaincre d’en faire une heuristique. Même ma théorie ci-dessus est superflue, en fait.