Pour pouvoir retrouver toutes les sources citées dans les articles. Je vous invite à être curieux et à aller directement lire à la source, vous vous rendrez ainsi compte par vous même et peut-être y trouverez-vous des points sur lesquels j’ai mal interprété le maître…

Henry Mintzberg

Dans son ouvrage un peu pédestre, il présente les différentes typologies de structure d’organisation d’une manière très complète.
Mintzberg est un penseur clair et sain de l’organisation dont je recommande la lecture à toute personne s’intéressant de près au sujet.
J’ai résumé son livre en une planche ici.

Why – Simon Sinek

Pourquoi un tel concept ?

Le concept du WHY? A été popularisé par Simon Sinek grâce à un TED et un livre Start With Why.

Vu l’antériorité et la puissance du Pourquoi ? Chez Vincent Lenhardt il est impossible pour moi de dire que Simon Sinek a inventé le concept, même si il l’a trouvé tout seul, sans pomper sur Vincent ce que je veux bien croire. Son génie de mon point de vue consiste dans la manière dont il le présente avec les trois cercles concentriques et surtout la manière dont il en parle. Il est vraiment inspiré sur cette vidéo, d’ailleurs toutes les suivantes qu’il ferra seront beaucoup moins bien.

Les gens “achètent” pourquoi vous faites les choses, pas ce que vous faites

Je crois que la vidéo ci-dessous de Simon Sinek fut celle qui a le plus changé ma façon de voir la vie, comme il le dit si bien (« the way I operate in it »).

Résumer des idées de la vidéo

La CNV

La CNV est l’acronyme de Communication Non Violente qui a été inventée par Marshall Rosenberg et dont l’ouvrage fondamental s’intitule joliment les mots sont des fenêtres.

C’est une technique simple pour apprendre à communiquer que je trouve très très pratique car elle est simple, en tout cas en apparence. Elle comporte 4 étapes qui sont reprises dans la slide ci-dessous. Ces 4 étapes sont très simples et très efficaces. Elles sont assez challengeantes car elles demandes à être clair à la fois sur ses sentiments, ses demandes, donc ses désirs. En situation de crise cela m’a demandé des années pour arriver à la pratiquer et encore très imparfaitement.

Cette méthode qui a été utilisé par exemple pour faciliter des dialogues israelo-palestinien m’a beaucoup inspiré pour définir les ingrédients de la régulation antifragile.

Mon associé Thibault Vignes s’est basé sur les travaux de Marshall Rosenberg pour sélectionner les mots décrivant l’état d’esprit de son outil FAST (Flow Analysis For Team).

Michael Hammer

  • Michael Hammer (voir https://en.wikipedia.org/wiki/Michael_Martin_Hammer) est l’inventeur du concept de re-engineering, très en vogue dans les années 90.
  • Le concept de business process reengineering a connu beaucoup de succès. Comme toutes les modes managériales il a connu aussi ses excès, mais s’il a connu tant de succès c’est qu’il repose sur une idée très simple qui consiste à analyser de manière objective les processus réels d’une organisation. Et par nature de l’action collective cette analyse révèle toujours des surprises.
  • Le concept est si simple qu’il tenait initialement en un article de la HBR
    (https://hbr.org/1990/07/reengineering-work-dont-automate-obliterate) et j’avoue avoir eu un peu de mal avec le livre. Pour certains Michael Hammer est d’ailleurs l’illustration de l’industrie du business book. Il se serait fait aider par une agence pour l’écriture de son livre, ce qui explique qu’il apporte peu de fond supplémentaire par rapport à l’article de départ..
  • Ce qui est remarquable c’est que ce concept est devenu un basique du management, prolongé jusqu’à nos jours par le Lean, le 6 sigma et toutes les méthodes d’analyses de processus. Fondamentalement rien n’a changé depuis Hammer : décrire la réalité des enchaînements des tâches d’une organisation à partir de la vue du client. C’est le changement de perspective qui est puissant

 

Définition d’un processus (Michaël Hammer)

  • C’est la traduction en conséquences pratiques du fait de faire passer le client avant tout autre considération,
  • C’est une séquence organisée d’actions connexes qui, ensemble, créent un résultat ayant de la valeur pour le client.
  • Le processus n’est pas un événement mais une suite d’événements dépendants
    • Une suite ordonnées d’actions
    • Des interfaces (information, compréhension)
    • Des acteurs qui réalisent ces actions

Principe directeur : l’organisation pratique du travail

  • Fournir un service passe par une série de tâches indispensables et donc par la coordination d’une série de personnes,
  • Dans quel ordre exécuter ces tâches, de quelles manières et comment coordonner l’action humaine sont les questions traitées par les processus,
  • Les processus préexistent à leur description : ils existent dans la réalité, et leur description n’est qu’une modélisation de cette réalité.

Alain Cardon – Coaching d’équipe

Coach d’équipe depuis des temps immémoriaux l’inusable Alain Cardon (son profil LinkedIn, son riche site web)  a développé un cadre de référence systémique d’intervention très efficace dans l’accompagnement d’équipe. Auteur prolifique il a dû écrire une quinzaine de livres. Mes deux préférés sont « Coaching d’équipe » dans lequel il explicite les principales euristiques d’accompagnement et les liens entre les interactions des équipes et la culture des organisations. L’autre livre clef est pour moi « L’art véritable du maître coach» où la sagesse du vieux coach transpire à chaque page. Cette sagesse est nécessaire pour se taire en laissant l’espace au client. Il décrit très bien l’impact de la « simple » présence, transformante en elle-même et qui se révèle plus facile à dire qu’à faire.

Je l’ai connu par l’intermédiaire de Vincent Lehnardt.

Sa vision du coaching

Les idées clefs que j’ai conservées dans ma pratique

Son génie repose plus dans des heuristiques qu’une grande théorie explicative, ou plutôt sa théorie systémique est à des années lumières de l’approche analytique : dans ses supervisions toute interprétation est interdite, ce qui fait gagner un temps précieux !

Ces idées que je vais lister imparfaitement ici sont bien décrites sur son site web www.metasysteme.fr :

  1. Quatre cultures d’équipe : faisant un pont très brillant entre Hersey&Blanchard (les styles de management), les drivers de PCM (sois fort, sois parfait, fais plaisir, fais effort) et la nature des interactions (top-down, étoile, politique, chaotique) Alain définit 4 grandes cultures d’équipes. L’avantage de son modèle complet c’est qu’il fournit beaucoup de repères pour accompagner les équipes : une hypothèse sur leurs besoins et surtout, surtout, la posture que doit adopter le coach pour bien accompagner chaque type d’équipe. Je l’utilise très souvent comme outil d’autopositionnement d’équipe.
  2. Les rôles délégués ; un outil de croissance dans une équipe. Il a décomposé les différents rôles que tient la personne qui anime une réunion (généralement le patron) comme tenir le temps, distribuer la parole… et il propose de déléguer chacun des rôles à une personne différente. Pour l’avoir expérimenté ce processus, un peu est un peu déconcertant au départ car par exemple il faut tenir deux rôles simultanément : participer et tenir le temps par exemple. A l’usage cette simultanéité permet de se « décoller » du contenu, de prendre plus facilement une posture méta. Cela demande un peu de discipline, comme la salle de sport, mais avec les mêmes résultats : si je pratique souvent, cela devient plus facile, puis cela reste durablement facile.
  3. L’holomorphie systémique (mes termes) : on retrouve le même pattern à tous les niveaux (organisation, équipe, patron) qui se traduit dans la nature des interactions entre les personnes, les services et dans la manière de parler. Cette notion est très proche du processus parallèle puisque cela se retrouve aussi chez le coach qui est peu à peu « contaminé » par le système. Il a peu explicité dans sa partie interne (ce qui se passe chez moi comme reflet du système) mais ce processus parallèle reste très utilisé en supervision.Avec un peu de pratique il devient possible de détecter très rapidement le pattern de l’équipe
  4. Une des idées clefs d’Alain repose sur la pratique. Il comparait souvent la supervision à une salle de sport, où la pratique répétée apporte une certaine agilité.

Ce que je n’achète pas

Alain répète souvent qu’il ne faut pas expliquer, que cela ne sert à rien. Je crois maintenant que c’est une réaction de pur « instinctif » (voir la définition ici)  et que ce n’est pas valable pour tous les clients. J’ai eu pleins de clients qui ne font rien s’ils ne comprennent pas. Et je ne vais tenter de faire muter un instinctif en mental, je n’ai pas ce pouvoir (je me demande si quelqu’un l’a).

Design de séminaire – Thibault Vignes

Coach et consultant avec qui je suis associé au sein de La Boétie Partners , Thibault (son profil LinkedIn) a le génie de la modalité d’animation qui donnera à un collectif son plein potentiel. Il sent les groupes et leur propose des modalités responsabilisantes, simples et puissantes avec le sens du dernier moment toujours ajusté. Thibault a développé une pratique très structurée, autour de la métaphore de la recette de cuisine qu’il présente très bien sur www.designdeseminaires.com et dans ses formations. J’avais déjà cette métaphore en tête depuis des années car un de mes clients m’avait dit un jour alors que je me plaignais de la piètre qualité d’un collège (je confesse, c’est mal) « le consulting c’est comme la cuisine il en faut pour tous les goûts et toutes les bourses, tout le monde ne veut pas du trois étoile ». Thibault a appliqué la modalité avec beaucoup de rigueur ce qui l’a conduit à créer des recettes qui permettent à tous de faire de la bonne cuisine et à lui de faire du 3 étoiles.

Je l’ai connu à la formation Elément Humain.

Les idées clefs que j’ai conservé dans ma pratique

J’ai appris beaucoup de choses en travaillant avec Thibault. Il m’a transmis beaucoup, insisté sur des points que je connaissais, je lui ai transmis à mon tour, nous avons inventé ensemble et j’espère bien que nous n’avons pas fini d’inventer. Celles qui me paraissent les plus importantes sont les suivantes :

  1. L’escalier : c’est un principe très simple de design de séminaires que je reprends ici avec mes mots : chaque séquence doit permettre aux participants de monter une marche, pas deux. Le séminaire est ainsi construit comme une suite de séquences qui progressent en difficulté. Cela peut paraître évident mais
  2. Skills building : Thibault prône, dans la suite des idées Lego Serious Play, et dans la même idée que l’escalier, de bien construire la compétence des participants avant de leur faire utiliser un outil. Cela m’a conduit par exemple à faire démarrer toute session de diagnostic utilisant un baromètre par un baromètre simple. Par exemple avant de faire un ERC, je propose aux gens de faire un baromètre sur la question « comment je me sens dans mon job ». Pendant des années j’ai tout de suite sauté à la question « quels sont mes enjeux » et j’avais un peu de mal à comprendre pourquoi les participants peinaient. C’est ainsi, chacun met ses résistances dans le dispositif, moi je veux aller trop vite.
  3. La non intervention : Thibault est très très fort pour faire travailler les participants seuls. C’était il y a quelques années à l’opposé de ma pratique car je leur fais faire des diagnostics et j’avais besoin d’être présents. Depuis j’ai découvert qu’on pouvait faire des diagnostics de plusieurs manières et j’adapte la modalité à la difficulté.
  4. Les bases camps : Thibault aime beaucoup cette modalité qui consiste à regrouper les participants par groupe de 4, fixe tout au long de la journée. J’ai repris cette modalité systématiquement avec les groupes de plus de 25, car les modalités d’inclusion sont trop longues à mettre en place sur ce type de groupes.

 

J’ai été formé au design de séminaire en 2016.

Ce que je n’achète pas

Rien.

Une difficulté que nous avons à résoudre ensemble : comment faire travailler un groupe sur des cadres de références où il peut manifestement se tromper (de le cas d’une disruption par exemple) tout en lui laissant la pleine responsabilité de ses décisions ?

Ennéagramme – Frédéric Haumonté

Coach et consultant avec qui je suis associé au sein de La Boétie Partners, Frédéric (son profil LinkedIn) a le génie de réconcilier les gens avec eux-mêmes. Il fait parler les personnes comme… personne. C’est lui qui a introduit l’ennéagramme au sein de La Boétie Partners et si la greffe c’est beaucoup dû à sa manière de présenter les choses. J’ai toujours été réticent aux modèles de personnalités que je trouve réducteurs par essence. La manière qu’il a de le penser, respectueux des personnes car respectueux de nos ombres on fait que j’ai adopté le modèle. J’ai hâte que son livre sur l’ennéagramme soit publié car si j’ai lu plusieurs fois les épreuves je ne peux pas encore le citer de manière opératoire.

Je l’ai connu via une formation à titre personnelle (sur les relations de couples) en 2005.

Les idées clefs que j’ai conservé dans ma pratique

J’ai appris beaucoup de choses en travaillant avec Frédéric, nous avons inventé le baromètre ensemble et je crois que c’est lui (mais je ne suis pas sûr) qui a eu le premier l’idée de présenter l’ERC sous forme de triangle. Ce que je retiens :

  1. L’ombre : c’est un concept Jungien que j’ai compris en lisant Monbourquette sur les conseils de Frédéric. A partir de ce concept nous avons élaboré le concept de Dragons à l’origine de La Boétie Partners qui au départ s’appelait les Cercles de Mondragon. L’ombre c’est ma partie sombre, celle que je n’aime pas, dont je n’arrive pas à me débarrasser, qui est l’expression défensive de mon ego. Se réconcilier avec son ombre comme le prône Monbourquette m’a beaucoup aidé à faire remonter mon estime de moi, beaucoup plus que Will Schutz qui pourtant prône l’importance de l’estime de soi (il a raison) mais sans donner de manière concrète de la faire remonter. Alors que grâce à Frédéric j’ai appris. Dans ma pratique cela m’est utile pour rester OK dans le chaos comme le dit Vincent Lehnardt (chaos assez fréquent dans mon métier) et aussi pour accepter les limites des clients et ainsi adapter le dispositif à ces limites .
  2. Les trois centres : c’est Frédéric qui m’a introduit aux trois centres (mental, instinctif, émotionnel) qui sont devenus centraux dans ma pratique, ils sont devenus une heuristique.
  3. L’ennéagramme : Les 9 ou 18 types de personnalités m’ont beaucoup aidé à comprendre les dirigeants et leurs besoins. Je ne vais pas les résumer ici, ce serait présomptueux. Lisez son livre !

J’ai été formé à l’énnéagramme niveau A et B  en 2016.

Ce que je n’achète pas

Mes différents avec lui peuvent-être nombreux sur pleins de points techniques, mais sur cette pratique qu’il a de l’énnéagramme il n’y a rien que je n’achète pas.

Jean-Claude Rouchy – ARIP – Psychosociologie

Psychanalyste et psychosocociologue Jean-Claude Rouchy m’a transmis l’approche psychosociologie à tendance analytique qui a développé au sein de l’ARIP et qui se rapproche de l’approche d’Eugène Henriquez. Rien que le nom de l’approche (psychosociologie à tendance analytique, branche freudienne) me faisait un peu peur au départ. Je n’ai jamais autant peiné sur un livre (sauf peut-être dans mes cours de probabilités avant de rencontrer Nassim Taleb), pourtant cette approche a compris des choses fondamentales sur l’approche du changement en organisation. Bien souvent rien que le vocabulaire employé fait fuir les dirigeants et une grande partie de mon travail a consisté à rendre intelligible leur approche. Ainsi le baromètre et d’autres techniques peuvent se voir comme des « procesussation » de leurs pratiques.

Je l’ai connu par l’intermédiaire de Fabrice Clément.

Les idées clefs que j’ai conservé dans ma pratique

Le livre clef de leur pratique s’appelle Institution et changement. D’autres publication sont carrément illisibles : je n’ai jamais dépassé l’analyse des 40 premières pages de son livre précédent. Mais Institution et changement fut clef pour ma compréhension car il présente plusieurs cas d’intervention et explicite bien ce qu’ils ont fait, leur pratique. J’en suis venu à la conclusion en les fréquentant qu’autant le cadre de référence théorique de la psychanalyse pouvait se discuter, ce que beaucoup font. Autant la pratique, dont on parle beaucoup moins, est-elle très robuste. Si Freud a tort sur les instances de l’inconscient, ses pratiques (heuristiques ?) de silence, d’analyste neutre, restent très très robuste.

De la même manière, même si cela fait un peu peur à certains, le processus parallèle n’est qu’une autre manière de voir le contre-transfert. Mais plutôt que de lancer une dissertation psychanalytique voici les concepts que j’ai conservé à partir de ce que j’en avais compris :

  1. Les représentations comme objet de travail. Longtemps j’ai peiné à comprendre ce qu’ils disaient par-là, puis j’ai compris et retrouvé cette idée notamment dans la session de l’école de Paris où Yves Clot relate l’expérience des ouvriers qui échangent sur la meilleure manière d’accomplir une tâche complexe. Les représentations sont la manière que j’ai de voir les choses. Au fil du temps j’ai acquis la conviction que dans l’organisation trois dimensions des représentations nous intéressent: la manière que j’ai de voir mon travail, les relations et le pouvoir. L’ARIP insiste beaucoup sur la nécessité d’aider à travailler sur les représentations et pas sur les livrables. Si la question du baromètre est bien choisie elle permet de faire cela directement, par exemple « comment je me sens dans mes responsabilités actuelles sur ce projet » permet de faire travailler naturellement les gens sur leurs représentations. Au contraire la question « quelles sont vos représentations de ce sujet » mène généralement à des discussions peu productives.
  2. Le Chainon manquant : le concept le plus clair dû à Jean-Claude Rouchy. Il dit qu’il existe un chaînon manquant dans le changement. Généralement dans les projets de changement on s’intéresse à l’organisation et aux personnes, or on oublie le chaînon manquant, le lieu de construction de la culture, l’équipe. Ce qu’explique très bien Jean-Claude Rouchy, c’est qu’un changement demande un changement de représentations car une manière d’organiser le travail correspond à certaines représentations du travail. Si je change le travail je dois faire évoluer les représentations. En cela il rejoint Mintzberg. Or je ne dois pas faire changer les représentations d’une seule personne car sinon elle se retrouvera avec sa propre conception du nouveau travail. Or pour coopérer il faut des représentations communes. Pour créer ces nouvelles représentations communes il y a un chaînon manquant : le groupe. C’est dans un groupe de travail que l’on crée de nouvelles représentations communes. En cela il rejoint les heuristiques managériales un peu simplistes (« faisons une réunion ») mais il s’en distingue car faire évoluer les représentations ne se fait pas naturellement, juste en parlant. Il faut choisir les sujets pour qu’ils permettent des échanges sur les représentations.
  3. La séquence émotions => représentations=>livrables. Ce travail sur les représentations ne peut se suffire à lui-même. Tout d’abord pour libérer l’accès aux représentations il faut purger les émotions, comme « ex-pression sortir la pression » comme disait Fabrice Clément. Ensuite parler des représentations, comment je vois les choses, puis ne pas en rester là, produire ensemble un livrable quelconque. Vous aurez sans doute reconnu la structure ternaire du baromètre.
  4. Le dispositif. Là, c’est plus compliqué à expliquer. L’ARIP plaide pour l’intervention par le dispositif qu’on pourrait traduire par choisir qui travaille avec qui sur quel sujet et dans quel enchaînement. Pour faire passer cette idée de dispositif prenons un exemple simple : dans un projet à stream multiples, certains leaders de stream n’avancent pas. Première option, classique, on appelle le chef pour qu’il les recadre. Une intervention par le dispositif va permettre aux leaders de se confronter aux conséquences de leurs actes, par exemple dans un COPIL spécial où chacun rend compte de ses avancées devant les autres. Ceux qui avancent moins se rendront compte par eux-mêmes de leur retard et le patron sera exempté de recadrage conservant ainsi son capital d’entraînement positif. Les consultants ne seront pas vu comme des espions dont il faut se méfier. C’est une intervention par le dispositif. Une autre trouvaille de l’ARIP c’est de voir que chacun met ses propres représentations dans le dispositif, ainsi dans l’exemple précédent j’aurais eu une tendance naturelle à recadrer directement les leaders. Or ce qui compte ce n’est pas mes préférences, mais la manière la plus appropriée à l’évolution souhaitée par le système. Toujours dans mon exemple l’équipe souhaitait augmenter sa responsabilisation, et la réponse par le dispositif maximisait cette responsabilisation.

J’ai été supervisé avec Fabrice Clément 4 ans par Jean-Claude Rouchy et j’ai collaboré à un article dans leur revue.

Ce que je n’achète pas

L’ARIP ne traite pas du tout du dirigeant, comme s’il était un père lointain, ou alors elle le traite comme un participant. Or le dirigeant est spécifique, ce n’est pas une personne comme les autres car c’est lui qui change les règles. Et il est comme tout le monde il doit faire évoluer ses représentations et a besoin d’un espace spécifique pour cela. Voire même parfois si on veut résoudre le problème il vaut mieux se concentrer sur lui plutôt que sur les collaborateurs car il peut avoir le pouvoir de faire disparaître ce qui fait souffrir les gens.

Et puis, quand ils écrivent, c’est trop compliqué, comme s’ils avaient peur de se faire taper sur les doigts par de tatillons gardiens du temple (ce que je soupçonne d’arriver assez fréquemment). Du coup les non-initiés ne comprennent rien, les DRH et les consultants fuient. Dommage.

Michel Crozier – Sociologie des organisations

Intellectuel français, mandarin des glorieuses années 60-70, Michel Crozier à popularisé la sociologie des organisations. Son approche est résumée dans l’acteur et le système qu’il a écrit avec Erhard Friedberg (auteur du Pouvoir et la règle). De mon point de vue son œuvre comprend deux parties qui sont assez souvent mêlées. D’une part une analyse très poussée et très robuste de l’action collective, la sociologie des organisations à proprement parler, telle que nous en avons récupéré les outils. D’autre part il mène une réflexion assez large et stimulante sur la société en générale qui occupent beaucoup ses pages. Il fut au centre de mai 68 (Professeur à Nanterre il avait Cohn-Bendit dans son cour) et a toujours attaché beaucoup d’importances à la réflexion sur la société  (La société bloquée en 1971, Quand la France s’ouvrira en 2002).

Il fut l’initiateur d’une école complète de pensée à laquelle François Dupuy  et Yves Morieux  se rattachent officiellement. Il a réellement permis de penser différemment l’organisation, même si on retrouve beaucoup de points communs avec d’autres penseurs de l’organisation de la même époque qui arrivent aux mêmes conclusions par d’autres voies (Mintzberg, Christiansen ).

Les idées clefs

Cela me paraît impossible de résumer ici les idées clefs de Crozier. Je vous invite plutôt à le lire, par exemples les excellents cas de Lentreprise à l’écoute. Si je m’y essaye tout de même je dirais que les idées clefs sont les suivantes (j’en oublie) :

  • La rationalité limitée : chaque acteur d’un système a une raison rationnelle, qu’il appelle stratégie, à son comportement, raison qu’on ne comprend pas sans l’écouter et l’observer avec attention. L’analyse stratégique selon lui consiste à analyser l’organisation pour comprendre cette stratégie. Une fois qu’on l’a comprise il est alors beaucoup plus facile de faire changer le système comme dans l’exemple célèbre du jeune ingénieur de la Seita.
  • L’écoute : pour arriver à comprendre ce que vivent les acteurs, il faut les écouter attentivement, mettre l’entreprise à l’écoute pour reprendre le titre d’un de ses livres.
  • Le pouvoir : comme le montre la vidéo ci-dessous, le pouvoir, c’est-à-dire la capacité à agir, est centrale dans son analyse. Je trouve qu’il n’est pas très clair sur ce sujet alors que Friedberg dans le pouvoir et la règle l’est beaucoup plus.

Concepts intégrés à la pratique

Les concepts intégrés sont issus des travaux de Morieux  et Dupuy  que je trouve beaucoup plus « rationnels » et moins politiques. Alors que Crozier est vraiment marqué par son époque avec sa rare qualité d’écriture et son analyse reste très marquée par le marxisme et la psychanalyse lacannienne, tout deux prégnants à cette époque. Cela donne de belles percées comme les premières pages de l’acteur et le système où il décrit l’action collective, mais cela mène aussi à des interprétations qui, lorsqu’il généralise à la société, vont un peu trop loin de mon point de vue.

Ce que je n’achète pas

Comme dans ma pratique je pousse l’idée friedbergienne de « Bonnes raisons » toute interprétation analytique de type politique ne permet pas de comprendre les bonnes raisons. Pour reprendre le cadre marxiste, dominer quelqu’un ce n’est pas à proprement parler une « bonne raison ».

Plus généralement je pense qu’il y a un problème d’échelle à côté duquel il est complètement passé : de mon point de vue (et je suis Taleb  là-dessus), le comportement d’une organisation moyenne (disons une usine) n’est pas le même qu’une grande corporation (disons 30 000 à 100 000 personnes) et encore moins d’une nation complète. S’appuyer sur une expertise des organisations pour parler de la société (La Société Bloquée) est très intéressant mais c’est sortir de la zone de validité de son expertise. Cette extrapolation du au fait d’avoir un nom a beau être générale, je ne peux la suivre.

Will Schutz – l’élément Humain

Consultant américain, Will Schutz a été introduit en France par mon ancien associé Fabrice Clément. Son histoire est intéressante car dans les années 70, en pleine ébullition de la psychologie comportementale (Ecole de Palo Alto, Rogers…) il a tout quitté pour s’installer en Californie et essayer toutes les nouvelles techniques. Son livre central, l’Elément Humain fait ainsi la synthèse entre toutes ces approches (sans qu’il explicite cette synthèse malheureusement). Fabrice s’est formé avec lui, l’a introduit auprès de Vincent Lehnardt avec qui il travaillait à l’époque puis Vincent l’a popularisé par l’intermédiaire de sa formation CT.

Les idées clefs

Les idées clefs du livre se répartissent autour des trois dimensions de l’élément Humain l’inclusion, le contrôle et l’ouverture qui sont présentées par Fabrice dans la vidéo ci-dessous :

En d’autres termes ces trois stades sont similaires à des évolutions. Ce qui me parait très important c’est leur double dimension :

  1. L’inclusion, le sentiment d’importance qui conditionne si je me sens dedans/dehors a deux dimensions qui sont le nombre de contacts et la considération que je reçois.
  2. Le contrôle, le sentiment de compétence qui conditionne si je me sens dessus/dessous a deux dimensions : la compétence (je sais) et le contrôle (j’ai un levier sur…)
  3. L’ouverture, le sentiment d’être aimé, qui conditionne si je me sens proche/lointain a deux dimensions : dire la vérité et être conscient de ce qui se passe pour moi que j’aime présenter comme vérité interne et vérité externe.

Concepts intégrés à la pratique

Les concepts intégrés sont ceux qui a l’usage m’ont paru les plus robustes :

  • L’inclusion : plus le nombre de contacts entre les personnes augmente, plus ces personnes auront de facilité à collaborer. Dans beaucoup de cas nos séminaires commencent par des exercices pour faire monter l’inclusion. Longtemps j’ai pris cela comme systématique, aujourd’hui je suis plus mesuré : cela dépend de l’enjeu et de la capacité d’ouverture des participants.
  • L’ouverture : plus j’augmente l’ouverture dans une équipe plus elle peut résoudre de problème. Et pratiquement pour augmenter cette ouverture je moi-même augmenter ma propre ouverture et je peux utiliser l’effet-miroir comme décrit dans le papier que j’ai écrit sur les pratiques de La Boétie Partners.

J’ai été formé à l’Elément Humain (phase 1) par Fabrice Clément en 2007

Ce que je n’achète pas

A l’usage je n’achète pas l’idée de Will Schutz présentée par Fabrice dans une autre vidéo de l’évolution des équipes d’un stade d’inclusion à celui du contrôle puis de l’ouverture. Sans doute je n’ai pas compris la profondeur du concept, toujours est-il que je n’observe pas ce mouvement. Ce que j’observe c’est qu’une équipe est souvent collé dans un stade d’inclusion trop faible et qu’en augmentant l’inclusion ont résout beaucoup de problèmes.

Plutôt que de voir les évolutions comme dynamique de croissance ce qui implicitement mène à ce que l’on pousse les personnes à croître, j’utilise ce modèle pour décoder les organisations ; par exemple chaque dimension peut créer des crises émotionnelles : dans certains cas un manque d’inclusion peut mener à une grève, un manque d’ouverture à une somatisation (un des grands dadas de Will Schutz) et un manque de contrôle peut rendre littéralement fou un dirigeant.